En attendant la rentrée, allez vite vous amuser avec les mots sur le site de Zulma !
Ce texte à été écrit par Emmanuelle à l’aide de l’Atelier d’écriture des éditions Zulma. D’après le nouveau magasin d’écriture d’Hubbert Haddad.
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D’y avoir cru
Bien sûr certains éléments le donnaient pour coupable : les feuilles sous ses chaussures provenant de l’arbre du jardin étaient des détails accablants. Cette nuit là la lune était absente. L’obscurité peinte à l’encre de chine avait passé son passage sous silence, mais les feuilles étaient là pour raconter une autre histoire. Il me restait juste ce message à lire, relire à l’infini et la feuille en était toute froissée. En ces temps modernes où tout se joue sur le net, j’en étais encore à tenir à un bout de papier écrit à la plume… Fou, folle étions-nous qui croyions encore à l’amour platonique…Et puis tout me tomba sous le sens : le message je l’avais pour mot en mémoire. Tout semblait clair, lumineux, soudain, la vérité m’apparut nue et crue sous le soleil éblouissant du printemps. Son crime était gravé comme l’eau sur le marbre ; le vent avait séché les lettres, mais je sus dans un excès de fièvre que l’homme que j’aimais av ait voulu faire taire son erreur. Nul ne devait savoir qu’il avait été caché là, sous les frondaisons du jardin et qu’il avait guetté sa proie. Alors je décidais me me glisser tout en haut de sa demeure, dans les profondeurs du grenier. Personne n’aurait connaissance de ma présence. Mon absence avait un sens. Les paroles se délieraient, les habitants de la demeure se laisseraient aller aux confidences, et moi, la main sur le cœur, j’écouterais à travers les lattes abîmées du plancher. Je saurais, je saurais tout alors, mais que faire d’une telle vérité à part courir sous l’ombre des arbres, comme une désaxée, courir en plein cauchemar parce que l’homme en qui j’avais cru, l’homme que j’avais aimé n’était pas celui que je croyais. Et même ses mains ou ses doigts courant sur mes épaules seraient guidés tels des marionnettes par un fil invisible. On jouerait sur mon corps un arpège sans émotion. J’étais moi-même une marionnette, une poupée de chiffon à la t ête trop lourde pour tant de pensées. Désormais m’attendaient des jours sans lendemain, ma vie s’arrêterait à la prochaine écluse.